Pour une fois, on peut trouver quelques chose d’intéressant dans un papier du Monde. Le correspondant du célèbre quotidien du soir a visité une exposition de photographies de presse au Musée d’histoire à Berlin et en a tiré un article judicieusement intitulé « Plus belle la vie en RDA » qui a paru dans l’édition datée du 14 juin 2014.
L’auteur nous confirme qu’en RDA, à la différence de nos sociétés bourgeoises d’Occident, la propagande est définie et assumée officiellement ; ainsi, dans une revue spécialisée de 1959 il est écrit qu’elle a pour but « (…) de contribuer à l’amitié entre les peuples, assurer la paix et accélérer le bouleversement socialiste en RDA ». J’ai choisi deux exemples de cette forme d’agit-prop parmi ceux présentés par le journaliste. Une photo d’un couple amoureux pour inciter la population à manger du poisson. Un cliché d’une jeune agricultrice radieuse pour tenter de retenir les jeunes femmes à la campagne. On peut chercher longtemps ce qui caractérise le mieux ce type de travail : souci du bien commun, naïveté, volontarisme, etc. Afin de ne pas se perdre dans cette réflexion on peut se reporter avec profit à la fin de l’article. En effet, la conclusion de l’auteur est pleine de bon sens, elle sort du manichéisme en vigueur et, à ce titre mérite d’être citée dans son intégralité : « Lors de la réunification, les Allemands de l’Ouest prétextèrent en effet la présence d’amiante dans [le Palais de la République] pour le détruire. Et, aujourd’hui, qu’y construit-on à sa place ? A nouveau le château des rois de Prusse. Même si celui-ci est censé abriter non pas les bureaux de la chancelière Angela Merkel mais un musée d’ethnologie et des collections d’art asiatique, on ne peut s’empêcher de penser que l’ex-RDA n’avait décidément pas le monopole de la propagande. ». Nous sommes effectivement submergés par la propagande, mais celle-ci est multiforme, intrusive et ne dit pas toujours son nom.
A l’heure où les grands moyens d’informations en bons militants de la mondialisation capitaliste font résonner les tambours de guerre, notre regard que nous portons sur ces clichés peut être empreint d’indulgence voire même de nostalgie.
Exposition : « Couleurs pour la République ».
Musée d’histoire allemande, Unter den Linden 2, Berlin.
Cette exposition est visible jusqu’au 31 août 2014. Joseph a peut-être pris un peu trop de recul !