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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 13:42

J’ai déniché un hymne à l’informatique de la RDA dans un document écrit pour les gens sérieux ! On peut admirer ce tableau flatteur de l’industrie de pointe est-allemande dans la seconde partie du volume VI de l’Informatique non américaine rédigée par l'ingénieur général de l'Armement Henri BOUCHER.

Voici l’extrait en question.

« A posteriori, on peut faire un bilan de cette production qui est une réussite par rapport au reste du Comecon. Dans le domaine des machines de bureau, la DDR a produit en 30 ans quelque 250 000 facturières et machines comptables, dont une petite fraction exportée vers l'Ouest. Les exportations de la DDR en 1976 sont les plus importantes des pays de l'Est, 436 M$ dont 200 vers l'URSS, pour 55 M$ seulement d'importations.

Du côté Ryad, la production a été 310 ES 1040, dont 220 exportées, parmi lesquelles 160 pour l'URSS. Il y a eu ensuite 250 ES 1055 entre 1980 et 1985 dont 160 pour l'URSS ; la 1055 M a pris la relève à partir de 1983.

L'insuffisance de la production des DRAM 1 Kbit, modèle U253, destinées au 1040, a freiné la production, et l'absence d'un disque de 10 MB a empêché jusqu'en 1981 la mise en place de la mémoire virtuelle qui était inscrite dans la structure matérielle de la 1055.

La fourniture des puces de 16 Kbits par l'URSS, en 1981, a été qualitativement catastrophique, et la DDR a du se tourner, dans la mesure du possible, vers les USA et l'Extrême-Orient.

Bref, la DDR a été le meilleur participant au plan Ryad, et ce qu'elle n'a pu faire résultait de la faute des autres*. Aussi bien tout cela prend fin avec le rideau de fer en 1989, après quoi toute l'informatique des pays de l'Est disparait en bloc. »

 

Enfin, à l’heure où l’Ukraine est victime de l’impérialisme, de l’aventurisme américain et de la rapacité allemande, j’ai trouvé rafraîchissant de donner un exemple de coopération. Ainsi, dans le même texte on peut lire :

« KIEV (1960) est une machine à tubes et diodes, construite par l'Académie des sciences d'Ukraine, pas fondamentalement différente de tout ce que nous venons de voir. Architecture à 3 adresses, petite mémoire à tores, extension par tambours et bandes, la seule originalité est qu'elle serait asynchrone.

La Kiev a été produite en série »

 

* souligné par Joseph.

Source : http://www.aconit.org/histoire/iga_boucher/pdf/Vol_F_746-773.pdf (pages 114, 132 et 133).

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 17:28

Dans les pays socialistes la propagande était une activité revendiquée par l'Etat et les organisations favorables au socialisme. Si elle était parfois pesante, elle était clairement identifiable. Dans notre monde capitaliste, la publicité, qui est une forme de propagande visant à vider le cerveau et le porte-monnaie du cochon de payant, est à la fois sournoise et omniprésente.

Je me fais un plaisir de vous faire part d'une disposition, pour le moins désagréable, d'Overblog. Celui-ci tient à me rappeler qu'il n'est ni un service public ni une institution charitable ! Savoir que ce genre de procédé existe aidera peut-être d'autres blogueur. Voici le texte en question :

 

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 14:36

Briefmarken - DDR - Neujahr

Que cette année soit favorable à la cause du socialisme dans nos pays !

Que l'étude et le souvenir de la RDA serve notre humaniste dessein !

 

Joseph

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 17:00

(…) « La fin du pouvoir du SED a précipité la dévalorisation des règles de comportement et de valeurs, des modèles de coopération et de contestation qui étaient des repères pour le simple citoyen. Celui-ci a été plongé dans le désarroi. » (…)

« La nouvelle identité, qui doit remplacer celle de l'homme socialiste, est fondée sur « l'économie sociale de marché » où le travailleur salarié touche une des rémunérations les plus élevées du monde –son coût est de 37,88 DM l'heure, supérieur de 1,14 DM à celui de la main-d’œuvre helvétique. Or, pendant une période de transition, le nouveau citoyen de la RFA reçoit à titre officiel (au 1er juillet 1991) un salaire équivalant seulement à 60% de celui d'un Allemand de l'Ouest exerçant les mêmes fonctions. 60 du salaire : 60 d'appartenance à la communauté ouest-allemande ? Beaucoup de ceux qui ont la chance d'avoir un travail dans cette période de chômage galopant constatent avec amertume que ce chiffre lui-même est faussé: s'ils se trouvent parmi les salariés des entreprises déjà passées sous la tutelle d'un patron de l'Ouest, ils doivent souvent se contenter d'être intégrés à un niveau de qualification inférieur à celui qu'ils avaient avant l'unification, sous prétexte qu'ils ont été surévalués par les représentants d'un régime qualifié de mensonger. Qui plus est, les années d'ancienneté ne sont pas comptabilisées intégralement. Il n'est pas rare, par exemple, que deux années de travail en ex-RDA soient tenues pour l'équivalent d'une année en RFA (ou même moins). En conséquence, les travailleurs se retrouvent à un niveau salarial à peine suffisant pour couvrir les dépenses de plus en plus lourdes de la vie quotidienne. » (…)

« Et il doit désormais payer au prix fort des avantages sociaux autrefois subventionnés par son entreprise : celle-ci liquide, souvent à des prix dérisoires, foyers et maisons de vacances, afin de repousser l'échéance de la faillite. Les ouvriers de l'aciérie de Freital près de Dresde – qui emploie encore 4 000 personnes contre 60 000 auparavant – regrettent leur ancienne cantine bon marché, qui offrait en plus une sociabilité devenue rare. Dans cette usine au destin encore incertain, la Treuhand, son gérant a commencé à habituer les membres du personnel aux méthodes de l'économie de marché. Ainsi les a-t-on avertis qu'il est contraire au droit ouest-allemand, sous peine de licenciement, de se communiquer entre collègues des données précises concernant le niveau de salaire. Alors que l'ensemble du personnel a automatiquement adhéré au syndicat ouest-allemand I.G. Metall, les nouveaux délégués restent muets quant aux revendications salariales et aux informations juridiques – qui font ici gravement défaut.

Vingt ans après la chute du Mur : l'ordre libéral et democratique peut enfin s'exprimer. Sur cette photo, ce sont les travailleurs de Ford qui bénéficie de cette évolution favorable...

 

L'établissement des contrats de travail illustre les difficultés des Allemands de l'Est à assimiler le modèle ouest-allemand. Sous le régime du parti SED, la parole donnée avait, en matière d'emploi, une valeur contraignante. Aujourd'hui, les firmes ouest-allemandes qui engagent les salariés de l'ex-RDA, exploitant en fait leur bonne foi, se montrent réticentes à fournir des contrats écrits, même dans le cas du personnel des entreprises rachetées par l'intermédiaire de la Treuhand. En novembre 1990, la chaîne de supermarchés Penny's a pu engager des dizaines d'employés sans aucun contrat, leur faisant espérer un emploi stable, pour ensuite les congédier sans façon, aussitôt passées les fêtes de fin d’année » (…)

Sans commentaire…

Extraits de l’excellent article de Margaret Mariale intitulé « La RDA existe-t-elle encore ? » paru dans la revue Etudes de novembre 1991.

Texte intégral sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442085z.r=margaret+manale.langFR.

Source de la photo :  http://kommunisten-online.de/Archive/BetrGwer/ford.h1.jpg

 

 

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 11:51

Dans un article de novembre 2011, je dénonçais la destruction du mémorial Thälmann. Mais en février 2013 un monument commémoratif a été inauguré à Ziegenhals près de Berlin Voici l’article de Solidarité de classe consacré à ce sujet.

« A Ziegenhals, dans le Brandebourg, a été inauguré dimanche 10 février 2013 un monument qui rappelle la réunion du KPD peu de temps après l'arrivée au pouvoir de Hitler. II porte l'inscription : « 7 février 1933 : session illégale du Parti communiste d'Allemagne au Sporthaus Ziegenals sous la direction du président Ernst Thälmann. Début de la résistance organisée contre le pouvoir fasciste. »

Le monument se trouve en face de l'endroit ou se trouvait jusqu'en 2010 le lieu commémoratif Ernst Thälmann, inaugure par le Président de la RDA Wilhelm Pieck en 1953, et fut démoli par le propriétaire actuel, qui l'avait acheté aux enchères en 2002 dans des circonstances douteuses. En présence d'environ 600 participants, Leo Kuntz, fils d'un membre du parti d'alors, rappela que la session du 7 février 1933 était une action unique : Ernst Thälmann appelait tous les antifascistes, socialistes, communistes et chrétiens à lutter contre la dictature fasciste.

Max Renkl, président du Cercle des amis d'Ernst Thälmann, avertissait que la crise capitaliste allait créer dans l'avenir de graves problèmes politiques, et que déjà à l'heure actuelle, la manière dont le gouvernement encourage le néofascisme montre a quel point de processus est avance.

Le membre de la Douma Vassili Ikonikov (Parti Communiste de la Fédération de Russie) a transmis le salut du Président du PCFR Guennadi Ziouganov, et signala qu'aujourd'hui encore, ne nombreux monuments représentent Thälmann en ex-URSS. Les autres intervenants, dont des représentants des organisations de jeunesse communiste d'Autriche et de République tchèque, ainsi que du Parti communiste de Bohême-Moravie, soulignaient l'actualité du mot d'ordre d'unité de tous les antifascistes. »

Article original : Junge Welt

Source de la photo : http://www.etg-ziegenhals.de/Protest_InschriftApril2012.html

Autres articles sur Une Allemagne socialiste :

http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-destruction-du-memorial-thalmann-le-nouveau-regime-montre-son-vrai-visage-83266202.html

http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-7-fevrier-1933-derniere-session-clandestine-du-comite-central-du-kpd-62398009.html

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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 11:13

Quand l’Ostalgie rencontre ma propre nostalgie…

 Ferienlager Gallentin

Ne cherchez pas je ne sais quelle raideur prussienne, ne cherchez pas les uniformes impeccables. Sur ce cliché il n’y a rien de cela. Les corps et les visages ont encore la fraîcheur de la jeunesse, les tenues sont aussi légères que dépareillées, j’entends même la guitare ! Cela me rappelle l’année…, non, l’été…

Bon, ça me rappelle un peu mes années 1970.

Chez moi, les quelques photos de cette époque qui ont réussi à arriver jusqu’à aujourd’hui, en se terrant dans des boîtes à chaussures, ont la même couleur…

 

Vous l’avez compris, je vous ai offert le désormais traditionnel « article vacancier » !

 

A bientôt.

 

Joseph

 

Source de la photo : http://data7.blog.de/media/259/6464259_194b930ac9_l.jpeg

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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 17:49

Je remercie Paul Euzière de m’avoir permis d’insérer dans mon blogue son point de vue sur la résistance des Allemands face au nazisme. L’adresse de l’article original est le suivant : http://pauleuziere.wordpress.com/2012/03/26/les-resistances-allemandes-au-nazisme-une-histoire-qui-est-la-notre/

Je rappelle au lecteur l’existence de l’article suivant : http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-une-date-une-image-1966-100e-anniversaire-de-la-naissance-de-romain-rolland-44986033.html

 

Auf Deutsch: DER DEUTSCHE WIDERSTAND GEGEN HITLER

En me plongeant dans l’histoire des résistances allemandes à Hitler, je savais ce qu’il avait fallu de courage et très souvent d’héroïsme à ceux qui en furent les protagonistes entre 1933 et 1945, mais j’ignorais leur ampleur.

Au fil des recherches pour la conférence que j’ai donnée dans le cadre de l’Association historique du Pays de Grasse, j’ai découvert des visages, des trajectoires d’hommes et de femmes, jeunes ou pas, de toutes les couches sociales (à l’exception des grands capitalistes : les administrateurs des Krupp, Thyssen, IG Farben et autre Deutsche Bank) d’origines très diverses qui ont créé des réseaux et, dans les terribles conditions du Reich nazi, ont été jusqu’au bout d’un engagement total dont la conclusion fut pour la plupart l’arrestation, la torture, la prison ou le camp de concentration, puis l’assassinat.

En France et en Europe, les résistances allemandes sont restées largement méconnues ou ignorées car, en général, on associe Résistance à lutte contre l’occupation. Les Allemands étant des occupants, il ne pouvait y avoir de résistants. Et pourtant !

Si les résistances les plus précoces et les plus permanentes à Hitler furent dès les premières années de la République de Weimar, les antifascistes, en premier lieu, les communistes du KPD -les premiers aussi pour qui furent créés les camps de concentration de Dachau et Oranienburg dès mars 1933- les oppositions au nazisme et à son chef surgirent tout à la fois du mouvement ouvrier, des milieux catholiques et protestants, des élites civiles et militaires traditionnelles, et finalement parmi certains des officiers supérieurs -C. von Stauffenberg ou E. Rommel- qui n’avaient jamais remis en cause les principes du régime nazi. Au contraire.

La guerre froide et la création de l’OTAN dont l’armée de la R.F.A était un pilier -il fallait donc « blanchir » une Wehrmacht qui a grandement contribué aux crimes nazis en Europe de l’Est et en URSS- ont eu pour conséquences de mettre en exergue un réseau d’étudiants chrétiens tel que « La Rose blanche » ou les conjurés militaires de l’attentat du 20 Juillet 1944 contre Hitler. En gommant tout le reste.

Tout le reste, c’est notamment toute la résistance communiste qui de 1933 à 1945 n’a jamais cessé. Mais surtout s’est déployée de façon inédite à l’intérieur de l’Allemagne nazie -avec une action politique parmi les 7 millions de travailleurs étrangers requis dont les Français du STO et dans les camps de concentration- et à l’extérieur : en Union soviétique sur le front et dans les camps de militaires prisonniers.

En France, les Allemands -et les Autrichiens- communistes jouèrent un rôle important dans la Résistance : dans les maquis FTP, au sein des troupes d’occupation avec l’édition de journaux clandestins comme dans le renseignement militaire. Ils pénétrèrent jusqu’au cœur des centres de décisions de la Wehrmacht et rendirent d’immenses services à la Résistance et aux Alliés.

Les Français doivent aussi leur libération à des Allemands communistes ou antifascistes tels que Gehrard Léo qui termine la guerre comme lieutenant FFI ou Otto Kühne, ancien député du KPD, commissaire de la XIe Brigade Internationale en Espagne,  FTP et colonel FFI dont le maquis eut un rôle essentiel dans la libération de Nîmes, à des Allemandes aussi qui firent preuve d’un courage inimaginable face à la gestapo et aux SS:  Paula Ruess, arrêtée à Paris enceinte et déportée  à Ravensbrück, Dora SchaulIrène Wosikowski militante su « Travail Allemand » dans les troupes de la Wehrmacht à Marseille, torturée, décapitée à Berlin sans avoir jamais livré un seul de ses camarades.

Pourquoi revenir aujourd’hui sur cette histoire ? Parce que, je l’ai écrit dans un article demandé par L’Humanité, ces pages de lucidité et de courage appartiennent paradoxalement à l’un des plus beaux moments de l’Histoire des peuples allemands et français et parce que surtout, elles continuent de nous parler d’avenir.

N.B.
Un ami, André Boulicault, Secrétaire de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation du Gard (AFMD, DT 30) m’a transmis le règlement des camps de concentration nazis établi par le général SS Théodor Eicke en 1933 et qui est resté la règle jusqu’à la chute du IIIe Reich.

Ce règlement -que l’on évoque rarement- a fait l’objet d’un article de Match dans son édition du 11 janvier 1940. Il l’avait déjà été en France, dans le livre de Walter Schlieper alias Maximilian Scheer préfacé par Romain Rolland: Le peuple allemand accuse publié à Strasbourg en allemand en 1936 (Das Deutsche Volk klagt an), puis en français en 1937 à Paris aux Editions du Carrefour qui étaient animées par W. Munzenberg.
L’article 1 est explicite sur la fonction des camps de concentration et sur leurs destinataires : « Chaque prisonnier en détention de protection a la liberté de réfléchir sur le motif pour lequel il est venu au camp de concentration.
Ici l’occasion lui est offerte de changer de sentiments intimes à l’égard du peuple et de la patrie et de se dévouer à la communauté populaire sur la base national-socialiste, ou bien, s’il y attache plus de prix, de mourir pour la sale IIe ou IIIe Internationale juive d’un Marx ou d’un Lénine 
»

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:44

Histoire et mémoire

Cécile LECLERC, dans son mémoire de recherches, nous rappelle l’évidence : « Je notais en effet toutes les informations possibles se rapportant au 17 juin, croyant pouvoir différencier l’histoire de la mémoire. Or, l’ambiguïté de leurs liens m’est vite apparue, puisque toutes deux traitent du même objet : le 17 juin 1953. Tandis que l’histoire veut dresser un discours objectif, rationnel, démystificateur sur le passé, la mémoire reconstruit ce dernier et l’instrumentalise afin de servir le présent. L’un est "science", l’autre est "liturgie" »1. Le lecteur fera sûrement preuve d’indulgence quand il s’apercevra que cet article sans prétention tient autant de la seconde catégorie que de la première…

 

L’influence de la direction soviétique

Cette évocation des événements de 1953 est volontairement est-allemande ; personne n’ignore pas l’influence majeure de l’URSS, l’historiographie est-allemande elle-même ne le niait pas pour des raisons qui lui étaient propres. Mais il est difficile d’appréhender la complexité des liens entre la RDA et l’Union soviétique. Voici l’extrait d’un article relativement récent qui montre un aspect de cette difficulté. «  (…) Les autorités soviétiques d’occupation tentaient de s’appuyer sur un mouvement de masse pour imposer leur changement de politique au gouvernement de la RDA.

Aujourd’hui encore, certains défendent cette thèse. Christoph KLEMANN parle d’une fronde au sein du Bureau politique, autour de Wilhelm ZAISSER et de Rudolf HERRNSTADT qui, au nom du "nouveau cours" et avec le soutien de l’URSS, auraient envisagé de renverser Walter ULBRICHT. (…)

D’après de nouveaux documents, il semblerait qu’en mai 1953 les dirigeants soviétiques, en réalité, aient vu en ULBRICHT le "principal responsable" de l’aggravation de la situation ». (…) »2

 

Quelques causes des événements de juin 1953

Les 13 et 14 mai, le comité central du SED décide de façon autoritaire d’augmenter drastiquement la productivité du travail (augmentation des normes). Cette décision coïncide avec une augmentation des prix et la suppression des cartes d’alimentation pour un grand nombre d’habitants. Ces mesures entraînent des mouvements de protestation sporadiques.

Le 11 juin 1953, un décret de l’exécutif constate qu’« une série de fautes ont été commise par le SED et le gouvernement ». Entre autres choses, il procède à l’amnistie de certaines peines et annule les hausses de prix des denrées alimentaires. Même un historien est-allemand, tout ce qu’il y a de plus officiel, constate ces défaillances : « Désireux de régler des problèmes difficiles, le SED et le gouvernement ont pris diverses mesures qui se sont révélées erronées. »3

Cet autoritarisme et ces revirements ainsi que la question des normes favorisent les événements des 16 et 17 juin.

 

Evocation des événements

Le 16 juin, des ouvriers, partis des chantiers de l’allée Staline, sont rejoints par d’autres travailleurs ; la manifestation grossit et c’est plusieurs milliers de personnes qui se rendent au siège du gouvernement. Enfin, après plusieurs péripéties, Fritz SELBMANN, ministre de l’Industrie, annonce à la foule que la hausse des normes est annulée. Le jour même, le bureau politique du SED confirme ces dires et qualifie l’augmentation des normes, d’« erreur ». Malheureusement, les dirigeants du pays ne sont pas crus par l’ensemble de la population.

 

La Potsdamer Platz a la mi-journée du 17 juin: la Columbus-Haus en feu (bâtiment administratif de RDA).

 

Des appels à la grève générale circulent. La station étasunienne RIAS (Rundfunk Im amerikanischen Sektor) joue un rôle important sur lequel nous allons nous attarder.

Un livre soviétique4 reproduit quelques textes parus dans des publications étasuniennes qui témoignent de son rôle néfaste.

Dans son édition étrangère, le New York Times écrit le 23 juin 1953 : « (…) Beaucoup d’observateurs occidentaux ici à Berlin estiment que RIAS, le poste de propagande des Etats-Unis à Berlin[-Ouest] a joué un rôle important dans les événements de la semaine dernière. Beaucoup vont même jusqu’à affirmer que ces troubles n’auraient pas eu lieu sans les émissions de ce poste qui remontaient le moral (…) et qui, le mercredi, à partir de 5 h du matin, a diffusé dans tous les coins de l’Allemagne de l’Est les plans détaillés de la grève générale (…) »

Dans son édition européenne du 19 octobre 1953 le New York Herald Tribune, affirme que « RIAS s’est fixé pour objectif de lancer des étincelles (…) le tonneau de poudre (…) Il est probable que parmi les grands postes émetteurs du monde, RIAS est le seul à disposer de son propre service d’espionnage. »

Au regard du nombre et de l’emplacement des coupures dans le texte, les citations semblent véridiques. Ces affirmations semblent aujourd’hui exagérées mais elles contiennent toutefois une large part de vérité.

Dans un ouvrage paru en 1968 dans la collection Marabout université, dans le chapitre consacré aux événements de juin 1953 en RDA il est noté que « l’huile versée sur le feu par la propagande occidentale » participa à la transformation du mécontentement en révolte.5

Dans la nuit du 16 au 17 juin, les troupes soviétiques ont été placées dans des endroits stratégiques. A ce propos, il est nécessaire de rappeler deux évidences à ceux qui s’étonnent de l’importance du rôle joué par l’armée soviétique.

Des baraques brûlent au coin de la Friedrichstrasse et de la Schuetzenstrasse.

En 1953, la guerre est encore proche dans ses effets et dans les esprits ; ce n’est pas encore de l’histoire. Tout le monde ou presque trouve normal que l’Allemagne, à l’Est comme à l’Ouest, soit, d’une façon ou d’une autre, occupée et contrôlée.

La RDA, comme sa « sœur ennemie » la RFA, n’ont pas de véritable armée. La Bundeswehr (armée de la RFA) sera créée en 1955, et, en réponse, la National Volksarmee (armée de la RDA) le sera en 1956.

Le 17, en fin de matinée, les ouvriers organisés sont débordés. Des émeutes éclatent et elles ne sont pas seulement le fait de mécontents. On trouve également des curieux, des Berlinois de l’Ouest et des agents des services occidentaux. En 1979, HEITZER, dans son livre sur l’histoire de la RDA3, accuse les émeutiers qualifiés de « contre-révolutionnaires » : «  (…) ils pénétrèrent dans les permanences du parti, les administrations et les grands magasins, détruisirent les installations et mirent le feu en plusieurs endroits. Les ouvriers conscients qui voulaient s’y opposer furent maltraités, certains trouvèrent la mort. » Il est difficile de savoir jusqu’où ces accusations sont crédibles. Toutefois, versons-les, avec circonspection, au dossier.

 null

Les émeutiers renversent et détruisent des panneaux d’affichage.

Les troupes soviétiques interviennent en fin d’après midi quand le mouvement reflue. Gilbert BADIA parle de 21 morts, un article de Novopress6 de 80, et Le Monde7 –qui prend Novopress sur sa droite– de 500 ! Personne n’en saura jamais rien.

Sandrine KOTT indique que 700 localités et 1 000 entreprises ont été touchées par le mouvement8. Otto GROTEWOHL estima que 300 000 ouvriers dans 272 communes cessèrent le travail. Pour leur part, Jean-Philippe MATHIEU et Jean MORTIER relativisent la portée de ces troubles. « Il ne s’agit pas pour autant d’un soulèvement "national" : il y a de 3 à 400 000 grévistes le 17 juin représentant de 5 à 7% de l’ensemble des travailleurs9 ».

 

Quelques conséquences

Des dirigeants du SED et du gouvernement vont perdre leur place car ils ont « flanché » face aux émeutiers et aux grévistes. Sans trop de surprise, on constate un fort renouvellement des cadres au cours de l’année 1954 :

-         70 % des premiers secrétaires d’arrondissement (Kreis) quittent leur poste ;

-         plusieurs premiers secrétaire de districts (Bezirk) sont remplacés ;

-         il y a également 7 départs sur 10 dans les syndicats ;

-         enfin, un titulaire du comité central du SED sur trois perd sa place.

Au sommet, Rudolf HERRNSTADT et Wilhelm ZAISSER seront exclus du SED et Max FECHNER, ministre de la Justice, sera emprisonné jusqu’en 1956 pour ses « faiblesses »10. Plusieurs centaines de personnes sont condamnées –une vingtaine à la peine capitale.

Dans l’autre sens, le comité central du SED procède rapidement à une autocritique lucide : « Quand les masses ne comprennent plus le parti, c’est la faute du parti, pas celle de la classe ouvrière ». Profitons de cet article pour remettre à sa place la célèbre phrase de Bertold BRECHT : « Ne serait-ce pas plus simple que le gouvernement décide de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? » Elle ne s’adresse donc pas –comme beaucoup le croient et comme certains feignent de le croire- à la grande majorité des dirigeants communistes mais à quelques responsables particulièrement sectaires. En juillet 1953, sont officiellement créés les Kampfgruppen der Arbeiterklasse (groupes de combat de la classe ouvrière). Par ailleurs, l’URSS renonce à demander les réparations et livre à crédit de grandes quantités de denrées alimentaires et de matières premières. Les pensions et les retraites les plus basses ainsi que les salaires des VEB sont augmentés. Johannes BECHER, qui venait de dénoncer les « fouineurs bureaucratiques » est nommé ministre de la Culture.

Ce texte est le résultat d’un pillage éhonté de l’Histoire de l’Allemagne contemporaine, vol. 1, écrit sous la direction de Gilbert BADIA, et paru chez Messidor-Editions sociales en 1987. Il y a eu également quelques emprunts au tome second de l’Histoire de l’Allemagne contemporaine (1933-1962) paru en 1962 du même BADIA toujours aux Editions sociales.

 

Sources :

1.          http://www.sciencespo-toulouse.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=3861

2.          http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2003-2-page-47.htm

3.          RDA, aperçu historique, Heinz HEITZER, Verlag Zeit im Bild, Dresde, 1981 (l’édition allemande est parue en 1979).

4.          Faits sur Berlin-Ouest, Moscou, 1962.

5.          Dossier de l’Europe de l’Est, dir. Roger GHEYSENS, collection Marabout université, 1968.

6.          http://archives-fr.novopress.info/1946/cest-arrive-le-16-juin-1953-from-chiara-to-post-today-stp-jf/.

7.          http://www.lemonde.fr/revision-du-bac/annales-bac/histoire-terminale/l-allemagne-dans-la-guerre-froide_t-hrde116.html

8.          Histoire de la société allemande au XXe siècle - Tome 3, La RDA 1949-1989, Sandrine Kott, La Découverte, 2011.

9.          RDA Quelle Allemagne ? , Jean-Philippe MATHIEU et Jean MORTIER, collaboration de Gilbert BADIA,  Messidor-Editions sociales, 1990.

10.     Le totalitarisme au concret : les politiques du logement en RDA, thèse de doctorat de Jay ROWELL, Economica, 2006, (http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/10/33/98/PDF/THESE_ROWELL.pdf).

Source des photos :

htpp://scanfix.no

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 15:07

De temps à autre, ressurgit la légende noire du pillage de la RDA par l’ours soviétique. On dénonce le « démontage » d’usines, l’enlèvement de voies ferrées par le « grand frère ». J’ai estimé qu’il était nécessaire de remonter à la source politique et juridique qui légitime ces prélèvements sur l’économie est-allemande.


Il ne faut jamais oublier que les réparations de guerre avaient été approuvées par les ministres des Affaires étrangères de l’Union soviétique, des Etats-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni lors de la Conférence de Crimée le 11 février 1945. Voici le passage concernant cette question.

« V. -REPARATIONS

Le protocole suivant a été approuvé :

PROTOCOLE

Conversations entre les chefs des trois gouvernements à la Conférence de Crimée sur les réparations allemandes en nature :

1° L'Allemagne devra rembourser en nature les pertes subies de son fait par les pays alliés au cours de la guerre. Les réparations devront être perçues, par priorité, par les nations qui ont porte le principal fardeau de la guerre, qui ont subi les pertes les plus lourdes et qui ont contribué à la victoire sur l'ennemi.

2° Les réparations en nature seront exigées de l'Allemagne sous les trois formes suivantes :

a) Transfert, dans les deux ans qui suivront la reddition de l'Allemagne ou la cessation de toute ' résistance organisée, des biens allemands situes sur le territoire même de l'Allemagne comme en dehors de ce territoire (équipement, machines-outils, bateaux, matériel roulant, avoirs allemands à l’étranger, actions dans les industries, les transports et toutes autres entreprises en Allemagne, etc.), ces transferts étant effectués surtout dans l'intention de détruire le potentiel de guerre de l' Allemagne ;

b) Livraisons annuelles de marchandises de production courante pour une période à fixer ;

c) Utilisation de la main-d'œuvre allemande.

3° Pour la mise en œuvre, d'après les principes ci-dessus, d'un plan détaillé de prélèvement des réparations dues par l'Allemagne, une Commission alliée des réparations se réunira à Moscou. Elle se composera de trois représentants : un pour l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, un pour le Royaume-Uni et un pour les Etats-Unis d'Amérique.

4° En ce qui concerne la détermination du montant total des réparations, comme de leur répartition entre les pays qui ont souffert de l'agression allemande, les délégations soviétique et américaine sont convenues de ce qui suit :

« La Commission des réparations de Moscou prendra comme base de discussion, dans ses études initiales, la proposition du gouvernement soviétique, selon laquelle la somme totale des réparations, en accord avec les points (a) et (b) du paragraphe 2, sera de 20 milliards de dollars, et que 50 % de cette somme devra aller a l'Union des Républiques socialistes soviétiques ».

La délégation britannique a été d'avis de ne mentionner aucun chiffre touchant les réparations pendant l'étude de la question des réparations par la commission de Moscou.

La proposition soviéto-américaine ci-dessus a été présentée à la commission des réparations de Moscou comme une des propositions à examiner. »

 

Source du texte : 11 février 1945, Yalta ou le partage du monde, Arthur CONTE, 1967.

Source de la photo : http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Conf%C3%A9rence_de_Yalta_1945/1310914

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 16:12

Lu sur la toile :

« La CDU demande l’interdiction des symboles de la RDA

21 mai 2013

Le chef du groupe parlementaire des Chrétiens-démocrates et de l’Union chrétienne-sociale souhaite interdire les symboles de la RDA, rapporte le Berliner Morgenpost.

Volker Kauder veut éviter une nouvelle "provocation" comme le défilé d’anciens membres de l’armée populaire nationale (NVA, l’armée de la RDA) le 9 mai à Berlin. Des hommes armés, portant des uniformes de la Stasi et de la NVA, s’étaient postés avec des drapeaux de la RDA devant le monument aux victimes soviétiques de la Seconde Guerre mondiale du parc de Treptow.

La proposition de Kauder est soutenue par les libéraux, partenaires de la coalition gouvernementale. Le vice-président du groupe parlementaire des libéraux Martin Lindner, souhaite également proposer un projet de loi interdisant légalement les symboles du SED. »

Voici une proposition, ô combien démocratique, présentée par des « chrétiens » et des « libéraux »…

Je vous présente la « scène du crime » :

 

 

 

Source de l’article : http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/3793291-la-cdu-demande-l-interdiction-des-symboles-de-la-rda

Source de la photo : http://ct.tvnva.de/

 

 

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  • : Le blog de Joseph
  • : Bienvenue sur une "ALLEMAGNE SOCIALISTE". Bonjour ! Ce bloc-notes virtuel fait par un Français a pour but de donner une autre image de cette autre Allemagne. Il s'appelle "Une Allemagne socialiste" car il traitera essentiellement de la République démocratique allemande (RDA) mais aussi parce que Joseph espère que ses voisins d'outre-Rhin construiront une Allemagne socialiste... Site personnel : http://legrenierdeclaude.e-monsite.com/ Persönliche Webseite: http://legrenierdeclaude.e-monsite.com/ Sito web personale : http://legrenierdeclaude.e-monsite.com/
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