Je vais tenter de dégonfler une des baudruches préférées des adversaires du socialisme : l’absence de démocratie en RDA.
Il faut, dans un premier temps, cerner ce qu’entendent ces publicistes par « démocratie ». Bien souvent, dans le cas qui nous intéresse, la « démocratie » est réduite au système électoral et plus précisément aux modalités d’élection des assemblées politiques locales et nationales.
Les deux principales critiques du régime socialiste sont dans une certaine mesure fondées : la proportion invariable d’élus dans les assemblées, l’impossibilité pour les citoyens de remettre en cause les décisions stratégiques.
Des députés de la commission de l’ordre et de la sécurité de la Chambre du peuple visitent une cité nouvelle de Berlin
La répartition des sièges a longtemps été la suivante : 25 % au SED, 30 % aux organisations de masse (dont 10 % pour les syndicats) et 45 % aux partis bourgeois.1
Elu à l’assemblée populaire d’arrondissement rencontre des élus municipaux.
Il était souvent impossible de remettre en cause les grandes orientations politiques nationales bien que le système ne soit pas fermé : par exemple, le projet de Constitution en 1968 donna lieu à 750 000 réunions réunissant 11 millions de citoyens aboutissant, entre autres, à deux modifications touchant des principes (liberté religieuse, interdiction d’extrader un citoyen de la RDA)2. En outre, comme nous le verrons plus loin la démocratie socialiste n’était pas réduite aux élections aux assemblées politiques
Une mécanicienne, députée, rencontre des apprentis.
Le régime est-allemand était réellement démocratique dans le sens où les élus étaient issus du peuple ; en 1985, Paul Laveau notait que « parmi les 206 000 élus à tous les niveaux, 50,4 % [était] des ouvriers, 22,7 % des agriculteurs et 21,5 % des employés [et que] la proportion moyenne des femmes [était] de 37,7 %. ».3
Plus fondamentalement, le régime était basé sur la dictature du prolétariat, c’est-à-dire que les grandes décisions, même erronées ou discutables, s’appuyaient sur les besoins du peuple et ne relevaient pas des desiderata d’une oligarchie (l’élite du pays, la nomenklatura était très loin d’en constituer une).
Sources :
1. L’Allemagne de notre temps, Alfred Grosser, Fayard, 1978, p. 507.
2. L’Allemagne de notre temps, Alfred Grosser, Fayard, 1978, p. 500
3. La RDA au quotidien, Paul Laveau, Messidor-éditions sociales, 1985, p. 252.