LA GAUCHE DESUNIE FACE AU NAZISME
Le lecteur pourrait penser que le temps ayant fait son œuvre, les blessures se seraient refermées et qu’une alliance des forces de gauche, indispensable pour combattre le fascisme, aurait pu voir le jour. Malheureusement il n’en fut rien, il n’y eu pas de « front populaire » en Allemagne, le fossé entre les deux grands partis de gauche étaient bien trop large. Le SPD se porte garant du système capitaliste et de la démocratie bourgeoise alors que le KPD a pour objectif principal de renverser ledit système.
Affiche électorale du KPD (1924.)
Après la répression policière de la manifestation du 1er mai 1929 à Berlin et des émeutes du 2 et du 3 qui en sont la conséquence (31 morts, 30 blessés grave, plus de 1 000 arrestations), plusieurs dirigeants sociaux-démocrates vont jusqu’à préconiser l’interdiction du KPD. Jusqu’en 1930, le SPD, loyal partenaire de la bourgeoisie, participe à plusieurs fois au gouvernement. En réaction, les communistes ont tendance à rejeter en bloc les sociaux démocrates.
En mars 1930, ces derniers n’étant plus au gouvernement, le KPD rectifie sa position : « Avec les travailleurs du SPD contre le social-fascisme ! » Mais cette belle proclamation, restera, à quelques exceptions près, lettre morte.
Lors d’un congrès, en juin 1931, Otto Wels affirme que « le bolchévisme et le fascisme [sont] frères). Un autre social-démocrate, F. Tarnow, déclare, la même année, « Ne devons-nous pas être le médecin au chevet du capitalisme ? » Les communistes ne sont pas en reste, ils écrivent par exemple : « Sans l’emporter dans notre combat contre la social-démocratie nous ne pourrons battre le fascisme. »
Bien sûr, comme son homologue français, le KPD va connaître la « maladie infantile » propre à ce courant de pensée. Mais « l’histoire d’amour » très poussée entre le SPD et la bourgeoisie avait de quoi refroidir les quelques ardeurs unitaires…
Affiche du SPD (1932).
Il n’a pas été possible de constituer un « front populaire » en Allemagne car la situation dans ce pays n’était pas celle de la France ou de l’Espagne. D’une part le nationalisme et le militarisme étaient enracinés dans la société, d’autre part la classe ouvrière était le plus souvent sur la défensive. Les syndicats n’auront jamais le rôle d’aiguillon pour la gauche comme ils l’ont eu en France. En Allemagne, le divorce entre les deux gauches était définitif et il leur fut donc impossible d’arrêter la course à l’abîme.
(1re partie : http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-kpd-spd-l-impossible-alliance-premiere-partie-115493401.html)
Source : Gilbert Badia
Sources des illustrations :
http://www.dhm.de/lemo/objekte/pict/pli14548/index.html
http://www.spd-gerlingen.de/festschrift/drittes_reich.htm