Je remercie Paul Euzière de m’avoir permis d’insérer dans mon blogue son point de vue sur la résistance des Allemands face au nazisme. L’adresse de l’article original est le suivant : http://pauleuziere.wordpress.com/2012/03/26/les-resistances-allemandes-au-nazisme-une-histoire-qui-est-la-notre/
Je rappelle au lecteur l’existence de l’article suivant : http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-une-date-une-image-1966-100e-anniversaire-de-la-naissance-de-romain-rolland-44986033.html
Auf Deutsch: DER DEUTSCHE WIDERSTAND GEGEN HITLER
En me plongeant dans l’histoire des résistances allemandes à Hitler, je savais ce qu’il avait fallu de courage et très souvent d’héroïsme à ceux qui en furent les protagonistes entre 1933 et 1945, mais j’ignorais leur ampleur.
Au fil des recherches pour la conférence que j’ai donnée dans le cadre de l’Association historique du Pays de Grasse, j’ai découvert des visages, des trajectoires d’hommes et de femmes, jeunes ou pas, de toutes les couches sociales (à l’exception des grands capitalistes : les administrateurs des Krupp, Thyssen, IG Farben et autre Deutsche Bank) d’origines très diverses qui ont créé des réseaux et, dans les terribles conditions du Reich nazi, ont été jusqu’au bout d’un engagement total dont la conclusion fut pour la plupart l’arrestation, la torture, la prison ou le camp de concentration, puis l’assassinat.
En France et en Europe, les résistances allemandes sont restées largement méconnues ou ignorées car, en général, on associe Résistance à lutte contre l’occupation. Les Allemands étant des occupants, il ne pouvait y avoir de résistants. Et pourtant !
Si les résistances les plus précoces et les plus permanentes à Hitler furent dès les premières années de la République de Weimar, les antifascistes, en premier lieu, les communistes du KPD -les premiers aussi pour qui furent créés les camps de concentration de Dachau et Oranienburg dès mars 1933- les oppositions au nazisme et à son chef surgirent tout à la fois du mouvement ouvrier, des milieux catholiques et protestants, des élites civiles et militaires traditionnelles, et finalement parmi certains des officiers supérieurs -C. von Stauffenberg ou E. Rommel- qui n’avaient jamais remis en cause les principes du régime nazi. Au contraire.
La guerre froide et la création de l’OTAN dont l’armée de la R.F.A était un pilier -il fallait donc « blanchir » une Wehrmacht qui a grandement contribué aux crimes nazis en Europe de l’Est et en URSS- ont eu pour conséquences de mettre en exergue un réseau d’étudiants chrétiens tel que « La Rose blanche » ou les conjurés militaires de l’attentat du 20 Juillet 1944 contre Hitler. En gommant tout le reste.
Tout le reste, c’est notamment toute la résistance communiste qui de 1933 à 1945 n’a jamais cessé. Mais surtout s’est déployée de façon inédite à l’intérieur de l’Allemagne nazie -avec une action politique parmi les 7 millions de travailleurs étrangers requis dont les Français du STO et dans les camps de concentration- et à l’extérieur : en Union soviétique sur le front et dans les camps de militaires prisonniers.
En France, les Allemands -et les Autrichiens- communistes jouèrent un rôle important dans la Résistance : dans les maquis FTP, au sein des troupes d’occupation avec l’édition de journaux clandestins comme dans le renseignement militaire. Ils pénétrèrent jusqu’au cœur des centres de décisions de la Wehrmacht et rendirent d’immenses services à la Résistance et aux Alliés.
Les Français doivent aussi leur libération à des Allemands communistes ou antifascistes tels que Gehrard Léo qui termine la guerre comme lieutenant FFI ou Otto Kühne, ancien député du KPD, commissaire de la XIe Brigade Internationale en Espagne, FTP et colonel FFI dont le maquis eut un rôle essentiel dans la libération de Nîmes, à des Allemandes aussi qui firent preuve d’un courage inimaginable face à la gestapo et aux SS: Paula Ruess, arrêtée à Paris enceinte et déportée à Ravensbrück, Dora Schaul, Irène Wosikowski militante su « Travail Allemand » dans les troupes de la Wehrmacht à Marseille, torturée, décapitée à Berlin sans avoir jamais livré un seul de ses camarades.
Pourquoi revenir aujourd’hui sur cette histoire ? Parce que, je l’ai écrit dans un article demandé par L’Humanité, ces pages de lucidité et de courage appartiennent paradoxalement à l’un des plus beaux moments de l’Histoire des peuples allemands et français et parce que surtout, elles continuent de nous parler d’avenir.
N.B.
Un ami, André Boulicault, Secrétaire de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation du Gard (AFMD, DT 30) m’a transmis le règlement des camps de concentration nazis établi par le général SS Théodor Eicke en 1933 et qui est resté la règle jusqu’à la chute du IIIe Reich.
Ce règlement -que l’on évoque rarement- a fait l’objet d’un article de Match dans son édition du 11 janvier 1940. Il l’avait déjà été en France, dans le livre de Walter Schlieper alias Maximilian Scheer préfacé par Romain Rolland: Le peuple allemand accuse publié à Strasbourg en allemand en 1936 (Das Deutsche Volk klagt an), puis en français en 1937 à Paris aux Editions du Carrefour qui étaient animées par W. Munzenberg.
L’article 1 est explicite sur la fonction des camps de concentration et sur leurs destinataires : « Chaque prisonnier en détention de protection a la liberté de réfléchir sur le motif pour lequel il est venu au camp de concentration.
Ici l’occasion lui est offerte de changer de sentiments intimes à l’égard du peuple et de la patrie et de se dévouer à la communauté populaire sur la base national-socialiste, ou bien, s’il y attache plus de prix, de mourir pour la sale IIe ou IIIe Internationale juive d’un Marx ou d’un Lénine »