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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 13:28

Antifa-Block1945.jpgHasard du calendrier, clin d’œil de l’Histoire ou volonté délibérée, c’est le 14 juillet 1945 que la KPD, le SPD, la CDU et le LDPD se réunissent à Berlin pour fonder le front uni des partis antifascistes démocratiques. Leur programme comprend la lutte contre le fascisme et le militarisme, la reconstruction de l’économie, le respect des libertés individuelles et religieuses, l’exécution loyale des tâches dictées par l’occupant et la reconnaissance du devoir de réparation.

Le front uni, qui sera vite appelé « Bloc démocratique » se dote d’un comité central permanent où siègent cinq représentants de chaque courant politique. Toutes les résolutions ou recommandations ne sont adoptées qu’à l’unanimité. Le communiqué publié à l’occasion de la constitution du Bloc démocratique recommande la formation de comités communs à tous les niveaux.

Pour le KPD, cette politique d’alliance se rattache à la politique de front populaire telle qu'elle avait été définie par l’Internationale communiste.

Cet unanimisme, qui ressemble déjà à celui de la RDA, peut agacer et, on le verra, n’est pas exempt de risques. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce système vise essentiellement à éviter les dérives de la République de Weimar. Ce régime formellement républicain, formellement démocratique, respectueux de la « séparation des pouvoirs » chère aux idéologues bourgeois, doté également d’une majorité et d’une opposition n’avait pas empêché, ou avait même favorisé, l’ascension d’Adolf Hitler et la prise de pouvoir par les nazis…
blockParteien1945.jpg





Représentants des partis du Bloc : Otto  Grotewohl (président du SPD), Andreas Hermes (président de la CDU), Wilhelm Pieck (président du KPD), Dr Arthur Werner (maire de Berlin,sans parti) et Waldemar Koch (président du LDPD).

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 00:00

La pénurie permanente de main-d’œuvre, le rôle-clé de la RDA dans le camp socialiste et l’insertion croissante de son économie dans le marché mondial dominé par les pays capitalistes freinent la diminution du temps de travail qui est pourtant un objectif officiel. MontreRDA

Il faut attendre le 28 août 1967 pour que la semaine de travail soit fixée à 43 h 45 réparties en cinq jours. Elle ne diminuera que très peu par la suite.

Comme ce temps de travail ne paraît pas compressible on l’aménage. L’Hausarbeitstag (jour du travail à la maison) est octroyé une fois par mois aux femmes mariées ou à celles qui vivent seules avec un enfant. C’est une journée libre pour assurer les tâches ménagères, effectuer des démarches, faire des achats. De nombreux cas d’absences sont autorisés par la législation (visite médicale, maladie des enfants, décès d’un membre de la famille, déménagement, etc.). Bien sûr, comme nous l’avons vu dans un article précédent, les absences dues à la formation sont tout à fait admises*. Il faut reconnaître que ces dispositions sont parfois utilisées abusivement bien que cela ne soit pas la meilleure manière de résoudre les problèmes…

Le temps partiel est très peu développé, il concerne les handicapés… et les retraités qui souhaitent continuer leur activité professionnelle.

J’ignore si cela a toujours été le cas mais, dans les années 1980, la réglementation des heures professionnelles est draconienne. Les jeunes et les femmes enceintes ou allaitant leurs enfants en sont dispensés. Ces heures ne peuvent être effectuées qu’avec l’autorisation du syndicat et ne doivent pas dépasser 120 heures par an.

Mais, en RDA, si le nombre d’heures passées au travail est important, les liens du travailleur avec son entreprise ne le sont pas moins.

Gouvernement1967.jpg
Gouvernement qui instaura la semaine de cinq jours.
* http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-une-date-une-image-1949-creation-de-la-faculte-ouvriere-et-paysanne-40736351.html

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 00:00

PdlR2-11-1973Le 23 avril 1976, le Palais de la République, situé au centre de Berlin près de la Spree, ouvre ses portes. C’est une construction originale, une véritable « Maison du Peuple » qui permet de faire cohabiter le Volkskammer, des salles de spectacles, un théâtre, une galerie d’exposition, des restaurants, etc. Du 18 au 22 mai, le Palais de la République accueille le IXe Congrès du SED. Des artistes aussi divers qu’Harry Belafonte, Myriam Makeba ou Mireille Mathieu s’y produiront.

En 1950, on procède au dynamitage des rois de Prusse déjà très endommagés. Cet emplacement servira aux défilés et aux cérémonies.

La décision de créer le Palais de la République place Marx-Engels est prise Pdlr3par le bureau politique du SED le 27 mars 1973. L'un des plus éminents architectes de la RDA, Heinz Graffunder, est nommé architecte en chef. Dans le collectif chargé de la conception de l’ouvrage on retrouve notamment Ernst Swora, Manfred Prasser et Günter Kunert. La première pierre est posée le 2 novembre 1973 par Erich Honecker.

Le Palais de la République réuni trois tendances architecturale : celle des palais de la culture soviétiques, celle de l’école sociale du mouvement ouvrier née à la fin du 19e siècle et la tendance mondiale des centres culturels et des palais des congrès.

En plus du Palais, plusieurs programmes de reconstruction et de restauration sont mis en œuvre dans le centre historique de Berlin. Ils symbolisent l’ouverture d’esprit du régime socialiste. Il s’agit notamment des travaux effectues en vue des cérémonies commémorant le 750e anniversaire de celle-ci en 1987 : ainsi le quartier Saint-Nicolas et la place de l'Académie retrouvent leur aspect antérieur ; un peu plus tôt, la statue équestre de Frédéric II reprend sa place traditionnelle devant l'université Humboldt. Il est intéressant de noter que les responsables de l’Allemagne de l’Est procèdent à la reconstruction de la synagogue de l'Oranienburgerstrasse.

PdlR-ArbreDeVerre.jpgUn rapport officiel de la RDA indique que le coût du Palais de la République est de 485 millions de marks est-allemands.

Le bâtiment a une forme rectangulaire (longueur : 180 m, largeur : 85 m, hauteur : 32m). Sa hauteur est alignée avec celle des bâtiments voisins notamment avec celle du siège du conseil d'Etat.

Après la liquidation de la RDA, l’immeuble est laissé à l’abandon puis désamianté. L’impérialisme veut faire sombrer dans l’oubli la période socialiste (qu’a-t-il à craindre de cet « épisode totalitaire » ?) et, pour ce faire, il procède à l’« effacement des traces » : le sort du Palais de la République est scellé. Sa mise à mort, décidée en haut lieu, au Bundestag, durera 2 ans, entre 2006 et 2008.

Depuis la disparition du bloc socialiste européen, et de la RDA, l’empire peut, à condition de changer de méthode, reprendre ses aises. Comme pour symboliser le retour de l’Aigle, capable de dépecer un pays ou de mettre sous tutelle son économie, le Sénat de Berlin décide de « reconstruire » le château des Hohenzollern !PdlR-Chambre.jpg

C’est la Ville de Berlin, pourtant très endettée, qui prend en charge le coût de cette « restauration » officielle d’un certain passé prussien estimée à 670 millions d’euros. Les professionnels de l’indignation sont muets ou presque à ce sujet, alors qu’ils ont commenté sans retenue le coût et les défauts réels ou supposés du Palais de la République qui symbolise l’ « incurie des régimes communistes totalitaires » ou si on préfère les « penchants mégalomaniaques des autocrates staliniens »…

Vingt ans après, les puissants ont l’enthousiasme bruyant mais ce dernier ne semble pas vraiment communicatif. En effet, beaucoup de personnes savent, parfois confusément, que la destruction d’un symbole comme le Palais de la République n’entraine pas la disparition du projet au nom duquel il a vu le jour…

 

 

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 15:40

La police populaire (Volskspolizei) garantit la sécurité et l’ordre. Elle dépend du ministère de l’Intérieur. Elle est créée en 1948.


Au milieu des années 1960, deux tiers de ses membres sont des victimes du régime nazi. En 1968, 85 % des officiers sont d’origine ouvrière ou paysanne.

Il existe une proximité certaine entre les policiers et la population. Dans les années 1960-1970, environ 100 000 personnes aident bénévolement la police. Elle collabore également avec plusieurs centaines de milliers de pompiers volontaires.


Elle parraine des milliers de jeunes pionniers regroupés dans les cerclesVolkspolizei1988.jpg « Jeunes pompiers », dans ce cadre les enfants apprennent ce qu’il faut savoir pour éviter les incendies.


La police populaire organise, en direction de plusieurs dizaines de milliers de conducteurs, des cours et des réunions qui leur permettent de perfectionner leurs connaissances techniques, juridiques et d’aborder le thème de la sécurité routière.



Source photo : RDA REVUE 4/88.

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 17:10

Tout le monde connaît la célèbre tour de la télévision, haute de 368 mètres, construite à Berlin en 1965. Mais l’histoire de la télévision est-allemande, hormis les clichés anti-communistes, est peu connue des nos jours dans notre pays.

A l’origine, l’unique chaîne diffusait quatorze heures de programmes par semaine pour soixante-quinze postes de télévision ! En 1966, 54 % des ménages sont équipés. En 1986, ce taux passe à 93 % et il y a désormais deux chaînes.

Mais nous le savons que trop, ce qui importe, ce n’est pas le nombre de tuyaux, c’est leur contenu…

Voyons donc la répartition des temps d’antenne en 1983 : informations et commentaires 23,1 %, films et émissions dramatiques 28,8 %, culture 9,2 %, sports 8,3 %, variétés et divertissements 13,8 %, jeunesse 7,9 %, autres 8,8 %.

Bien que la RFA utilise le standard PAL et la RDA le SECAM -ce procédé français est acheté à la fin des années 1960 par la RDA- , les récepteurs est-allemands peuvent recevoir les émissions dans les deux systèmes.

Le SED et les autorités est-allemandes ne savent pas toujours utiliser cette situation pour adapter, affiner leurs arguments et défendre le système socialiste. Face à un public ayant bénéficié d’un enseignement de qualité, ce manque de confiance, le décalage persistant entre l’« agit-prop à la grand-papa » et les techniques de séduction du capitalisme [cette expression me rappelle quelque chose…] se paiera très cher au moment du Tournant…

Une fois dissipées les quelques illusions de la Wende, les chaînes de télévision, profitant de la « Liberté », obtiennent enfin le droit de vendre des minutes de cerveaux (est-allemands) disponibles pour Coca-Cola !
 


Sandmannchen.jpg
Ce n'est pas Walter Ulbricht se promenant
en Wartburg à Berlin mais le marchand de
 sable  est-allemand, Sandmännchen !

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 11:57

Dans l’article sur les troupes de combat de la classe ouvrière, je cite Paul Laveau qui, dans son ouvrage La RDA au quotidien, nous précise que ces milices ouvrières sont organisées en centuries.

Inflation1923.jpgMais, l’Allemagne a déjà connu entre les deux guerres ce type de formations.


L’année 1923 est une année de crise économique et politique. En quelque mois le mark plonge, il passe de 18 000 marks pour un dollar à 8 millions au 1er novembre. Cette dépréciation de la monnaie se traduit par une hausse considérable des prix. En novembre, le salaire d’une journée ne permettait plus le lendemain que d’acheter les 2/3 ou la moitié des produits qu’on aurait pu acquérir la veille !
InflationBoulangerie1923.jpg

Une grande misère touche les milieux populaires, une grande partie des classes moyennes est prolétarisée. Cette situation arrange toutefois les grandes entreprises qui remboursent en « monnaie de singe » les prêts consentis par l’Etat.

 

Dans les territoires occupés de la Ruhr, la majorité de la population soutient la consigne de résistance passive donnée par le Reichstag. En avrHambourgThalmann1923.jpgil 1923, 13 ouvriers des usines Krupp s’opposant à cette occupation sont tués.

En novembre, Hitler tente de prendre le pouvoir, c’est le putsch de Munich. Lâché par ces complices, il est arrêté. Il reste en prison une année ce qui lui laisse du temps pour écrire son « programme », Mein Kampf.

Face à cette situation désastreuse, les éléments les plus conscients de la classe ouvrière ne peuvent pas rester inactifs.

En avril 1923, un Comité exécutif des conseils d’entreprise (une sorte de comité d’entreprise) préconise la formation de centuries révolutionnaires (détachements d’autodéfense composés de cent hommes environs) sur une base paritaire (KPD et SPD). La direction du KPD est divisée sur la tactique à suivre. Toutefois, le VIIIe Congrès du parti à Leipzig s’est prononcé pour la création de gouvernements ouvriers (c’est-à-dire pour la participation de communistes à des gouvernements dirigés par des socialistes de gauche) « qui seraient portés et poussés en avant par la vague révolutionnaire. »

Au début d’octobre, le glissement à gauche qui s’est produit au sein du SPD HambourgThalmannBarricades1923.jpgpermet la constitution en Saxe et en Thuringe de « gouvernements ouvriers » ; le 12 et le 13, des communistes sont entrés au gouvernement de ces deux Länders.

Le 1er mai 1923, défilent à Berlin 25 000 membres des centuries révolutionnaires. A la même époque, les syndiqués constituent des commissions de contrôle des prix qui vont sur les marchés, réquisitionnent les marchandises faisant l’objet de trafics, obtiennent des réductions de prix pour les chômeurs, etc. Le premier rôle qui est assigné aux centuries est de protéger ces commissions de contrôle, les syndicats, etc. Les ouvriers, membre de ces structures, ne « jouent » pas aux révolutionnaires, ce ne sont pas non plus des brigands même si quelques éléments douteux peuvent se glisser dans leurs rangs. Quelques exemples pour appuyer cette affirmation : à Crefeld, les chômeurs ne paieront que 2/3 des prix marqués, à Berlin-Mitte, la commission découvre d’importantes fraudes fiscales, à Essen, elle réquisitionne un stock de pommes de terre qui était expédié à l’étranger et le fait distribuer à la population.

En juin, le KPD créé un Comité militaire central, qui se préoccupera cependant plus d’armer les centuries révolutionnaires que de coordonner leurs efforts. Encore borne-t-il son action surtout à l’Allemagne centrale.

Le 26 septembre le gouvernement du Reich reprend l’initiative et proclame l’état d’exception, c’est-à-dire qu’il confie le pouvoir à la Reichswehr. Le commandement militaire ordonne la dissolution HambourgBarricadeBoulevard1923.jpgdes centuries prolétariennes. En Saxe, le ministre-président Zeigner (social-démocrate) refuse d’obtempérer, les centuries prolétariennes étant selon lui parfaitement légales. Sur quoi le ministre de la Reichswehr, Gessler, donne aux troupes l’ordre d’intervenir et de déposer les gouvernements récalcitrants, pourtant parfaitement légaux.

La résistance populaire n’est pas organisée, les sociaux-démocrates refusent de suivre les communistes qui proposent de lancer le mot d’ordre de grève générale.

En Thuringe, les centuries révolutionnaires se dissolvent, et les ministres communistes se retirent. En Saxe, quelques heurts se produisent. Zeigner refuse de démissionner, l’armée arrête plusieurs ministres, installe au pouvoir un haut commissaire.

La direction du KPD et l’Internationale estimaient alors que tout soulèvement armé était voué à l’échec. Une directive allant en ce sens arriva trop tard à Hambourg. Les membres du KPD de cette ville quoique peu nombreux (le Parti comptait 18 000 membres inscrits) mais efficacement dirigés pat Thälmann et Remele réussissent à faire échec à la police notamment dans les faubourgs de Barmbek, Eimsbüttel et Schiffsbek. Ils ont occupé 26 postes de police, se sont armés, dressant des barricades dans les rues, arrêtant même des renforts de police expédiés de l’extérieur.

Mais, comme lors des combats de 1920 et 1921, le mouvement resta isolé et, au terme de trois jours de combats, les forces gouvernementales restèrent maîtresses du terrain.

Les dirigeants communistes ont sous-estimé les advHambourgBarricadePont1923ersaires (forces de droite et Reichswehr) et ils ont eu tort de compter sur le soutien de la classe ouvrière, Thälmann lui-même écrira qu’à Hambourg « 300 communistes furent soumis au feu roulant de 6 000 policiers et soldats ». Un bilan de cette insurrection fait état de 21 morts, 175 blessés et 102 prisonniers.1

Ce récit n’est qu’un épisode parmi d’autres dans l’histoire sanglante de la République de Weimar. Ainsi, de janvier 1919 à juillet 1922, E.-J Gumbel recense 354 assassinats fomentés par la droite contre 22 assassinats par la gauche.2 On comprend bien pourquoi les dirigeants de l’Allemagne orientale refuse d’adopter à la Libération les principes « démocratiques » de la Constitution de 1918 qui ont permis, voire favorisé, l’instauration du fascisme. Inversement, cela semble normal que le jeune Etat socialiste veuille honorer la mémoire de ces héroïques précurseurs en reprenant le terme « centurie » pour les Betriebskampfgruppen

 

 

D’après les éditions de 1962 et de 1987 de l’Histoire de l’Allemagne contemporaine parues aux Editions sociales.

 


Photos :
- sur l'inflation (http://www.dialoginternational.com/dialog_international/2008/09/the-weimar-econ.htm et http://www.missouriwestern.edu/orgs/germanclub/inflation2.html) ;
- photos
en noir et blanc de Thälman et du soulèvement de 1923 extraites de Bewaffnete Kämpfe in Deutschland  1918-1923 (Dreetz, Dieter) ;
- tableau intitulé
« sur les barricades en 1923 »

Ich danke meinem Korrespondentin Brandenburg.
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 17:42

 zerstoerte schule 2A la Libération, les dirigeants de l’Allemagne orientale rencontrent d’énormes difficultés pour reconstruire l’Ecole.

C’est en effet la jeunesse qui a subi le plus fortement l’influence du fascisme. Elle est imprégnée d’idées racistes et chauvines. C’est pour cela qu’à cette époque de nombreux jeunes ont une attitude de refus ou de méfiance. Le chaos régnant à la fin de la guerre et les conditions de vie difficiles favorisent la délinquance juvénile.

La destruction des locaux à usage scolaire est importante (un quart des établissements scolaires sont gravement endommagés). Des bâtiments scolaires sont réquisitionnés pour servir d’hôpitaux, de camps de réfugiés, d’entrepôts, etc.

Il n’y a pas assez d’enseignants. Les dirigeants nazis dénigraient le savoir et ont laissé baisser le nombre des enseignants et le niveau de ces derniers. De nombreux jeunes ont été incorporés et ont été tués.zerstoerte schule 1

En juillet 1945, dans la zone d’occupation soviétique, des administrations locales sont constituées et mettent à la tête de leur service scolaire des antifascistes sûrs –ou supposés tels-.

Rompant avec la tradition fédérale de l’Allemagne bourgeoise, l’enseignement est centralisé. En conséquence, on crée l’Administration centrale allemande de l’instruction publique dans la zone d’occupation soviétique. Elle deviendra par la suite l’Administration allemande de l’instruction publique.

Les dirigeants de l’Allemagne de l’Est vont s’appuyer sur les Accords de Postdam signés par les Alliés qui stipulent notamment que « L’éducation allemande sera contrôlée de manière à éliminer complètement les doctrines nazies et militaristes et à permettre l’heureux développement des idées démocratiques. »

NouvelleEcoleLe 25 août 1945, l’administration militaire soviétique, se basant sur cette recommandation des Accords de Postdam, publie l’ordre n° 40. Dans celui-ci, l’ordre est donné de liquider l’influence fasciste à l’Ecole, la rentrée des classes est fixée au 1er octobre 1945.

En dépit des conditions très défavorables, cette date sera respectée. Cette réussite est rendue possible par l’aide et la « tutelle » soviétique et par l’appui de nombreux citoyens conscients de l’enjeu. 10 822 écoles d’enseignement général sont ouvertes contre 11 729 en 1939 sur le même territoire.

Pour tourner définitivement la page du fascisme, près de 20 000 enseignants sont licenciés. Il manque plusieurs dizaines de milliers d’enseignants alors que le nombre d’élève croît du fait de l’arrivée des réfugiés de l’Est. Il manque alors plusieurs dizaines de milliers d’enseignants. Les administrations chargées de l’enseignement vont devoir innover. Elles embauchent alors des ouvriers, des paysans, des employés qui deSchulreform-1-.jpgviendront des Neulehrer (nouveaux enseignants). Durant l’année 1945-1946, ils sont 15 000 à être recrutés, l’année suivante ils sont 25 000. Pour faire la « soudure » le régime est contraint de réembaucher provisoirement des enseignants membres du NSDAP. Des stages accélérés (de 8 mois en 1946), beaucoup de travail et un enthousiasme indéniable permettent à ces Neulehrer d’assurer leur mission et de gagner la confiance des parents et des enfants. Le renouvellement du personnel dans le secondaire s’avèrera encore plus problématique.

Durant l’année 1945-1946, le matériel scolaire fait défaut (la moitié est hors d’usage). Les éditions Volk und Wissen, qui ont un statut d’entreprise publique, sont crées et commencent à publier des manuels qui ne sont souvent que des mises à jour de livres datant de la République de Weimar.

Les écoles privées sont interdites. L’Ecole est séparée de l’Eglise malgré le désaccord fondamental de la CDU d’alors.

Diverses mesures sont prises pour élever le niveau de l’enseignement. L’Administration centrale allemande décide d’introduire une langue étrangère dans les écoles primaires (curieusement, le plus souvent, il s’agit Neulehrer[1]du russe…) ainsi que l’apprentissage des mathématiques sur des bases scientifiques dès les 7e et 8e classes. A la campagne, on supprime peu à peu les classes uniques en réduisant le nombre d’écoles.

En mai-juin 1946, une à une les Régions adoptent la Loi sur la démocratisation de l’enseignement. Le 12 juin, cette loi est en vigueur sur l’ensemble du territoire de l’Allemagne de l’Est ; cette date deviendra cinq ans plus tard « journée des enseignants ».

Cette loi consacre les démarches entreprises dès 1945 en conformité avec les Accords de Postdam. Voici comment la loi énonçait un de ces objectifs majeur : « Libérer la jeunesse des conceptions nazies et militaristes, l’éduquer dans un esprit de paix et d’amitié entre les peuples, d’humanisme véritable et de démocratie authentique. »

Cette loi permet de mettre enfin en œuvre les principes démocratiques bourgeois d’unité, de laïcité et de gratuité de l’enseignement. Mais les autorités ne se contentent pas de ce socle, ils veillent également à supprimer les privilèges afin d’instaurer l’égalité des chances, et à garantir un enseignement fondé sur des bases scientifiques à tous les niveaux.

La loi établit une école publique démocratique unique du jardin d’enfants à l’Université. Après l’école primaire de 8 ans (c’est-à-dire théoriquement à l’âge de 14 ans) deux voies s’ouvrent aux élèves : celle de l’enseignement technique obligatoire d’une durée minimale de deux ans et celle du lycée qui conduit en quatre années au baccalauréat. Dans tous les cas, il est toujours possible d’accéder à l’enseignement supérieur.

Le 12 juillet 1946, les facultés pédagogiques, distinctes des universités, sont créées avec pour objectif la formation des maîtres.

En quelques mois, les autorités et le peuple est-allemands jettent les bases d’un système éducatif qui sera un des leviers essentiels du développement extraordinaire de la RDA.

 

 

 

J’ai volontairement décidé de ne pas faire, pour le moment, de développement sur l’enseignement secondaire et sur l’Université. De même, je n’ai pas examiné les conséquences politiques et sociales à long terme de l’application de ce nouveau système scolaire.

 

Sur le thème de l’éducation, je renvoie également mes lecteurs à mon article sur les facultés ouvrières et paysannes et à ma notice sur l’école polytechnique (.http://uneallemagnesocialiste.over-blog.fr/article-une-date-une-image-1949-creation-de-la-faculte-ouvriere-et-paysanne-40736351.html)

 

 

 

Source images 1 et 2  : http://www.rs-sidonien.de/geschichte.htm

Source image 3 : RDA, aperçu historique de Heinz HEITZER.
Source images 4 et 5  :
http://www.ddr-geschichte.de/Bildung/bildung.html

 

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 13:07

ConseilEtat.jpgWilhelm Pieck est le premier et le dernier président de la République démocratique allemande.

C’est le Conseil d’Etat, émanation de la Chambre du peuple (Volkskammer), élu par celle-ci qui le remplacera. Il sera élu pour la première fois le 12 septembre 1960.

Le socialisme étant solidement établi, il est désormais nécessaire d’étendre à l’organisme suprême de la République le principe de collégialité. Toutes les couches du peuple et toutes les formations politiques y sont représentées.

Entre les sessions plénières de la Chambre du peuple, il s’acquitte de toutes les obligations découlant des lois et des décisions.

Le président du Conseil d’Etat représente la République dans les relations internationales.

Le Conseil d'Etat procède à la nomination des membres du Conseil de défense nationale,
Il répond aux requêtes des citoyens adressées à la Chambre du peuple. Il étudie les projets de lois. Il intervient dans les plans économiques nationaux.

De 1960 à 1974, il peut adopter des ordonnances -qui seront soumises à la l'approbation de la Chambre du peuple-, d’autres décisions ont force de loi. Après cette date, il perd ces attributions.

Cet organe est présidé de sa fondation à 1973 par Walter Ulbricht. Lui succèdent Willi Stoph (1973-1976), Erich Honecker (1976-1989) et Egon Krenz (je n'évoque que la période où la RDA est réellement indépendante vis à vis de l'Allemagne fédérale).

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 12:11

SolidaritéVietnam1973Après le « rendez-vous manqué » par la France, après les destructions massives opérées par l’Empire, la RDA sauve l’honneur d’un certain Occident en signant un accord de coopération avec le Viêt-Nam le 22 octobre 1973.

Une délégation de spécialistes de la construction de RDA se rend à Vinh, chef-lieu de la province de Nghe Tinh (et ville natale de Ho Chi Minh). Au même moment le « Leipzig », chargé de 1 711 tonnes de matériaux de construction, quitte le port de Rostock pour Vinh.

Des appartements, permettant de loger plusieurs milliers de personnes, seront construits dans le quartier de Quang Trung qui avait été entièrement détruit par les bombardements étasuniens.

Dans le cadre de cet accord de coopération, de nombreux vietnamiens bénéficieront d’une formation et se qualifieront pour choisir de nouvelles professions.

Je souhaite qu’un jour la France, suivant l’exemple de la RDA, tisse des liens fraternels avec tous les peuples qui ont croisé son chemin…

 

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 18:52

 

I Un regard avant le Tournant

Dans l’Histoire de l’Allemagne, RFA RDA parue en 1987 sous la direction de notre regretté Gilbert BADIA, après avoir fait état de la faiblesse de l’« opposition » au régime (par exemple, a mouvance pacifiste « alternative » protégée ou soutenue par les Eglises, n’étaient composée que de 5 000 à 10 000 sans cohérence idéologique), il est fait mention d’une série de déclarations publiques de hauts dignitaires des Eglises qui tendent à démontrer que la plupart des religieux, comme la majorité des citoyens n’ont pas « trahi » leur pays, mais qu’ils ont dû se plier aux exigences du « nouvel ordre mondial » issu de la défaite de l’URSS et de l’ensemble du camp socialiste européen. Voici ces pétitions de soutien à la RDA socialiste : « (…) En estimant d’autre part (synode de Dresde, septembre 1985) qu’il faut « partir de l’existence de deux Etats allemands souverains » et que « ceux qui disent autrement mettent la paix en péril, au moins indirectement », l’évêque de Dresde, J. Hempel, rejoint la position officielle.

Sur le plan intérieur, l’Eglise protestante reste fidèle à sa ligne de conduite résumée par la formule de « solidarité critique ». Néanmoins, soucieuse de contribuer à la stabilité du pays, l’Eglise ne se fait pas faute de souligner à l’adresse des fidèles les aspects positifs d’un pays où « d’importants droits sociaux et culturels ont été acquis » (Manfred Stolpe, président du Consistoire). Elle les invite à abandonner toute attitude systématique de rejet, demande aux candidats potentiels à l’émigration de bien peser le pour et le contre et les met en garde contre toute décision hâtive. Elle joue de ce fait un rôle d’intégration apprécié par l’Etat.

Au sein de l’Eglise catholique, diverses voix s’expriment, en 1986, dans un sens similaire. Que de chemin parcouru depuis les années 1950 ! En 1956, l’évêque Otto Spulbeck comparait la RDA à « une maison dont nous n’avons pas construit les fondations et dont nous pensons du reste que les bases sont fausses » ajoutant « cette maison reste pour nous une maison étrangère ». En 1986, l’évêque d’Erfurt-Meiningen, Joachim Wanke, déclare : « La RDA n’est pas mon destin, c’est mon pays (Heimat). (…) ». Cela étant dit, l’utilisation du mot « Heimat » et les positions actuelles de cet évêque peuvent donner un autre sens à cette phrase (par exemple : « Mon destin c’est de servir Dieu en Allemagne, la RDA est ma « petite patrie. »…

 

II Un regard après le Tournant

Ces quelques extraits d’un article de Frédéric Hartweg intitulé « Une révolution protestante ? Le rôle des Eglises évangéliques en RDA et les perspectives de l'unité. », paru en 1991 dans la revue Matériaux pour l'histoire de notre temps, reprennent les principaux thèmes de la vulgate anticommuniste officielle, mais ils permettent également de douter de la stratégie de double-jeu des Eglises.

Dans cet article l’auteur nous écrit qu’un sondage récent indique que moins d’un quart (22,5 %) de la population de l’ex-RDA manifeste encore son attachement à une Eglise protestante.

Plus loin, on peut lire : « Les Eglises protestantes ont confirmé après l’unification leur attachement à un régime de séparation stricte entre Eglise et Etat qu’elles n’ont cependant pas pu maintenir pleinement après l’unification. »

Dans un chapitre intitulé « Les Eglises et la Révolution de 1989 » l’auteur précise « Tout en accentuant des critiques qui touchaient de plus en plus les fondements mêmes du régime les Eglises n’en misaient pas moins sur un processus de type évolutif à travers la mise en œuvre de réformes significatives dans le cadre du régime. »

Une autre analyse intéressante nous est proposée : « On pourra cependant objecter que les Eglises n’ont pas pleinement saisi la chance qu’offraient les réunions symboliquement entamées dans la salle de la confrérie de Herrnhut de la maison Dietrich Bonhoeffer pour établir plus clairement les responsabilités de tous les méfaits d’un régime au pouvoir depuis 40 ans. C’est sans doute la longue pratique de la négociation avec le pouvoir, associée à une stratégie considérant à mesurer l’adversaire à l’aune de ses propres déclarations et critères et à œuvrer pour un socialisme meilleur que celui réellement existant – c’est-à-dire à visage humain – qui explique cette démarche ».

 

Texte intégral : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1991_num_23_1_404065#

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